L’ÉDITO
Norbert IFRAH / Président
Thierry BRETON / Directeur général

L’année 2019 restera, pour l’Institut national du cancer, une année singulière. Elle marque, en effet, à la fois la fin du troisième Plan cancer et la volonté des pouvoirs publics d’inventer un nouveau modèle de mobilisation et d’action, avec l’élaboration d’un projet de stratégie décennale de lutte contre les cancers. La réflexion collective entourant ce nouveau projet s’est, évidemment, appuyée sur le bilan consolidé du Plan cancer 2014-2019.

L’année 2019 a, comme les précédentes, permis de poursuivre, d’intensifier et de lancer des actions d’importance dans tous les champs de la lutte contre le cancer. Il est bien sûr impossible d’en dresser ici la liste exhaustive. Quelques avancées majeures méritent cependant d’être soulignées. C’est le cas notamment de l’élargissement du droit à l’oubli, du lancement du nouveau programme de dépistage organisé du cancer du col de l’utérus ou encore de l’adoption d’un nouveau référentiel encadrant les bonnes pratiques pour annoncer un diagnostic de cancer et accompagner les patients dans leur parcours.

2019 a aussi vu s’intensifier un chantier qui nous est très cher : celui de la réduction des inégalités sociales et territoriales face à la maladie. Bien sûr, l’existence même d’une politique nationale aussi structurée et organisée que la lutte contre les cancers est en soi une condition déterminante pour assurer l’égalité pour tous. Mais nous savons aussi que des carences importantes demeurent depuis longtemps. Aussi, nous avons souhaité renouveler notre regard et nos principes d’intervention pour espérer trouver une efficacité supplémentaire et ne pas s’en tenir à une expression incantatoire.

De nombreuses actions ont enfin été menées dans le domaine de la recherche avec, pour ne citer qu’eux, la labellisation de 16 centres CLIP², le développement de l’immunothérapie avec le déploiement des thérapies CAR-T, ou encore, la nouvelle dotation allouée à la recherche sur les cancers pédiatriques. Le progrès pour tous, dans les meilleures conditions de qualité et de sécurité des soins, continue de guider notre action et celle de tous nos partenaires.

Pourtant, et malgré les progrès incontestables engrangés tout au long de ce troisième Plan cancer, l’humilité reste de mise. Comment pourrait-il en être autrement tant que la maladie ne sera pas vaincue ? L’Institut national du cancer, en concertation avec ses ministères de tutelle, a donc choisi d’adopter une nouvelle approche.

Le 4 février 2019, lors des Rencontres de l’Institut national du cancer qui ont réuni 400 acteurs de la lutte contre le cancer, ont été posés les grands principes d’une future stratégie décennale : focaliser la lutte contre les cancers sur ses enjeux prioritaires et se donner un temps plus long, mieux adapté à la complexité des chantiers à mener.

Officiellement confiée à l’Institut par la loi du 8 mars 2019, nous avons souhaité conduire ce nouveau projet avec une très large concertation. Durant plus d’un an, nous avons mobilisé tous nos salariés, notre conseil d’administration, notre conseil scientifique bien sûr, notre comité de démocratie sanitaire, notre comité de déontologie et d’éthique, ainsi que tous nos partenaires.

Durant plus d’un an, nous avons ainsi consulté l’ensemble des parties prenantes : organismes de recherche, fédérations hospitalières, partenaires institutionnels, représentants des professionnels de santé, patients, associations, citoyens, représentants des usagers, structures territoriales de santé et de recherche. Tous ont répondu présents et se sont largement impliqués dans cette réflexion collective.

Une concertation citoyenne a aussi été organisée, qui a permis de recueillir les attentes et les priorités de la population en matière de lutte contre le cancer. Notre proposition de stratégie sera aussi soumise au regard critique de tous nos concitoyens lors d’une nouvelle consultation publique qui interviendra en septembre 2020. Car notre ambition c’est d’être au service de tous, concrètement, dans la vie et dans le quotidien de nos concitoyens.

Ce processus de coconstruction, d’une ampleur inédite, nous a permis de bâtir les contours d’une stratégie ambitieuse, novatrice, fédératrice, articulée autour d’objectifs communs et partagés. Trois défis majeurs se sont ainsi imposés pour la prochaine décennie : l’amélioration de la prévention, la limitation des séquelles et l’amélioration de la qualité de vie des personnes touchées par la maladie, et enfin, la lutte contre les cancers de mauvais pronostic, chez l’adulte et chez l’enfant.

Cette proposition, nous le savons, est ambitieuse. Car ce que nous souhaitons, c’est changer la donne. Mais à voir l’implication collective qui a présidé à son élaboration et l’impulsion nouvelle aportée à la lutte contre les cancers, nous pouvons nourrir l’espoir de poser de nouveaux jalons vers nos victoires futures.